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29/05/2014

Bataille de la 'ferme des mille vaches' : liberté pour Dominique Henry, Olivier Lainé, Valentin Sic, Thierry Bonamour et Laurent Pinatel !

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Une cinquantaine de paysans militants ont démonté hier la salle de traite de la "ferme des mille vaches" pour en apporter des morceaux à Le Foll  et Royal. Cinq d'entre eux sont en garde à vue, cibles d'une plainte pour... "vol et recel aggravé" !  Dossier de l'affaire :

 


 

C'est le summum du productivisme agro-alimentaire : la nouvelle ferme dite ''des mille vaches'', dans la Somme (sur les communes de Drucat et Buigny-Saint-Maclou), est une monstruosité à l'américaine. Rejeté avec une indignation croissante par les habitants de la région, cet élevage concentrationnaire va enfermer 1750 animaux dans des bâtiments clos, sans accès à l'extérieur ! C'est une souffrance animale industrialisée, imitée des USA où elle ne choque presque personne puisque it makes money. Et c'est une métastase du modèle économique le plus nocif aux humains...

Plusieurs manifestations de protestation ont déjà eu lieu. Le 17 février dernier, la Confédération paysanne, l'association paysanne locale Novissen et les associations MNLE, L214 et Picardie Nature, avaient demandé en référé la suspension du permis de construire de la ferme : celui-ci est en effet grevé d'irrégularités manifestes et nombreuses sur le plan technique. Le tribunal administratif d'Amiens a rejeté le 12 mars cette action.

Le 29 mai à 5 heures,''à quelques semaines de la première traite'', plusieurs dizaines de membres de la Confédération paysanne sont entrés sur le chantier de la ferme, équipés de pinces et de clés à molette, pour y démonter la machine de traite automatique circulaire. A 8 heures, sous les ordres du sous-préfet d'Abbeville, les gendarmes ont occupé le périmètre et bloqué les militants à l'intérieur. Quatre de ceux-ci ont été interpellés et placés en garde à vue.

Quand le face-à-face entre forces de l'ordre et Confédération paysanne s'est achevé, vers 10 heures, une délégation de militants est partie pour Paris afin de remettre des morceaux de tuyaux démontés à Stéphane Le Foll et à Ségolène Royal... qui les ont refusés. Récit de 20 Minutes<<  Alors que les ministres de l’Ecologie et de l’Agriculture étaient venus inaugurer le Printemps bio à la Villette, ils ont été interpellés par la Confédération paysanne. "Ce démontage marque notre attachement à l’abandon du projet", martelait Laurent Pinatel en marge de l’événement parisien : "Ségolène Royal est la ministre qui donne les autorisations d’exploitation, Stéphane Le Foll est ministre de l’Agriculture: il faut qu’ils se positionnent. Est-ce leur modèle agricole ou pas?" Alors que la ministre de l’Ecologie n’a pas souhaité réagir au happening de la Confédération paysanne, Stéphane Le Foll s’est entretenu avec Laurent Pinatel mais a refusé les morceaux de la ferme que les militants lui avaient apportés. "Ce n’est pas mon projet, a réaffirmé Stéphane Le Foll interrogé par '20 Minutes'. Je veux des agriculteurs à la tête des exploitations agricoles et pas des investisseurs. Ce n’est pas un modèle que je défends." Toutefois, le ministre a dit ne pas pouvoir empêcher la construction de la ferme: "Il y a des règles, notamment sur les installations classées, qui sont fixées et connues. L’Etat applique la loi et ne peut pas empêcher un projet dès lors que les règles de mise en œuvre sont respectées..." >>

Selon les militants paysans, c'est justement cette loi et ses ''règles de mise en oeuvre'' qui doivent être modifiées.

Commentaire de la Confédération paysanne : "Nous savons désormais qu'il n'y a pas de volonté politique d'empêcher l'aboutissement de ce projet. Malgré les risques encourus face à une justice aux ordres, nous ne pouvons pas laisser détruire notre avenir. Nous ne risquons pas notre liberté avec plaisir." Le syndicat appelle "tous les défenseurs des libertés syndicales" à "manifester leur soutien aux syndicalistes paysans poursuivis". En effet la firme agro-industrielle a porté plainte, alléguant une mise à sac.

Le porte-parole du syndicat est allé se joindre aux quatre détenus, ce qui porte à cinq le nombre des futurs inculpés pour ''dégradation, vol et recel aggravé'' (il s'agit des bouts de tuyaux remis aux deux ministres).

Nous nous associons sans hésiter à l'appel de la Confédération paysanne : liberté pour Dominique Henry, Olivier Lainé, Valentin Sic, Thierry Bonamour et Laurent Pinatel !

Site de la résistance régionale au projet :

http://www.novissen.com

Elevage intensif et cancers, la conférence du Pr Belpomme :

http://www.courrier-picard.fr/region/novissen-a-su-attirer-les-agriculteurs-ia174b0n123684

 

 

  

 

http://www.l214.com/projet-elevage-mille-vaches-somme :

Les raisons de s'opposer

<< Ce projet promet d'enfermer 1750 animaux dans des bâtiments clos, sans accès à l'extérieur. En élevage standard, les conditions de vie des vaches laitières et des veaux sont déjà préoccupantes, comme le souligne l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). (« Le groupe scientifique a conclu que la sélection génétique exercée sur le long terme en vue d’augmenter la production de lait et la nature des systèmes d’élevage utilisés – c.à.d. les systèmes de stabulation et les équipements ainsi que les pratiques d’exploitation et de manipulation – constituent des facteurs majeurs qui affectent la santé des vaches laitières et d’autres aspects liés à leur bien-être »). L’augmentation de taille des troupeaux accentue l’ensemble des risques de maladies respiratoires, digestives ou parasitaires : les problèmes de mal-être seront exacerbés.

De plus, dans ce projet, aucun accès à l’extérieur n’est prévu : la Recommandation du Conseil de l’Europe concernant les bovins souligne pourtant que les animaux devraient avoir l’opportunité de sortir aussi souvent que possible, et en été de préférence chaque jour. Un accès aux pâturages augmente la palette de comportements possibles et permet de limiter les boiteries.

Par ailleurs, en cas de difficultés économiques, quel sera le sort des animaux ? Les abandons de troupeaux, de plus en plus nombreux, laissent des bêtes mourantes faute de nourriture et de soins.
En cas d’incendie, peut-on espérer secourir à temps 1750 bovins ?
En cas d’épidémie, 1750 animaux seraient ainsi euthanasiés.
Quel que soit le scénario envisagé, augmenter la taille des troupeaux expose à décupler le nombre de victimes.

Santé et environnement

La construction de cet élevage pose en outre de nombreux problèmes liés à la santé humaine et à l’environnement. En plus des animaux confinés, le projet prévoit un méthaniseur. L'association locale Novissen a développé un dossier complet concernant les risques liés au projet.

Le modèle alimentaire français : une catastrophe

L’alimentation des Français est aujourd'hui basée sur une large part de produits d'origine animale. En effet, sur les 3603 kCal que nous ingurgitons en moyenne chaque jour, 1229 proviennent de produits animaux soit 34%. Nous détenons en proportion le record mondial, devant les USA (27%) et devant l'Allemagne (30%) !1
Seuls l'élevage industriel et la surpêche permettent un tel niveau de consommation. En France, plus de 80% des animaux vivent dans des élevages intensifs, confinés dans des bâtiments aveugles, contraints à la promiscuité, à la puanteur, dopés aux antibiotiques pour tenir le coup jusqu'au moment d'être tués. Ces élevages sont de plus gourmands en eau, en intrants et en énergie et génèrent de nombreuses pollutions.

Le modèle alimentaire français en images
Documentaire de Béatrice Limare

D’après Marion Guillou, directrice de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), pour pouvoir nourrir les 9 milliards d’habitants que comptera la planète en 2050, il faudrait que l’apport des produits animaux dans la disponibilité alimentaire ne dépasse pas 500 Kcal2 par jour est par personne, soit une division de 2,5 par rapport à la consommation actuelle.

L'impact de la surconsommation de produits animaux

Un décret et un arrêté publiés à l'automne 20113 ont rendu obligatoire dans la restauration scolaire le modèle de forte consommation de produits d’origine animale qui prévaut dans les pays riches depuis quelques décennies. Ces textes privent de toute alternative les usagers qui se font un devoir de réduire leur consommation de tels produits et ceux qui les refusent par conviction éthique. Cette démarche était clairement motivée par le soutien sans faille de l'ancien gouvernement aux filières de la pêche et de l’élevage industriels, sans se soucier de son coût en termes de misère humaine, de souffrance animale, de dégâts environnementaux, de santé publique ou d’atteinte aux libertés fondamentales.

Que ce soit avec le projet d'élevage de 1000 vaches ou encore sur le dossier restauration collective, le nouveau gouvernement a de belles occasions pour montrer sa volonté de changement.

 

(1) Données 2005, source FAO, Viande.info : Éléments de comparaison internationale
(2) Marion Guillou dans une interview donnée au magazine Nature le 14 avril 2010. Article original, traduction.
(3) Copie du Journal Officiel

 

 

 

Commentaires

PEANUTS

> Mais à quoi ont donc servi les ministères de l'écologie qui se succèdent depuis longtemps maintenant ?
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Écrit par : Guadet / | 29/05/2014

LEUR MÉPRIS

> N'y a-t-il pas quelque chose de commun dans cette affaire avec le rejet de la pétition "un de nous" ? Même mépris pour ceux qui ont le toupet de s'opposer à des projets fous, sans doute motivés par des intérêts financiers, mais aussi par un culte absurde du progrès.
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Écrit par : Sven Laval / | 29/05/2014

FOIN

> Meuh, c'est pas grave. On les traite de voleurs : le vol, c'est laid mais il y a bien pis : l'agro-alimentaire qui se fait son beurre en prenant un air dévôt ! Moi, je trouve ça beau qu'ils aient pris le taureau par les cornes...

En tout cas, ils ont réussi à faire du bouzz sur le Net ; même si le préfet en fait tout un foin et rumine sa vengeance.
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 29/05/2014

TENIR BON

> La folie continue de monter. Mais le dénouement est proche, encore un peu de patience et le colosse aux pieds d'argile va s'écrouler. Il faut tenir bon et prier. Notre Seigneur nous a averti que ces temps seraient difficiles et que nul ne pourrait tenir si notre Père du ciel n'abrégeait cette période. Je n'avais quand même pas envisagé que la folie humaine puisse atteindre un tel degré.
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Écrit par : Barbara / | 30/05/2014

PANNES

> Et en cas de panne d'électricité ? qu'est-ce qui va arriver à ces pauvres bêtes ? 24h d'arrêt et c'est ???.
Je songe à ce vieille épisode de "Don Camillo" (et pourtant ce n'était pas mécanisé à l'époque ...).
Et puis c'est vrai, il n'y a jamais eu de panne d'électricité en France ! Ceux qui ont vécu les tempêtes en savent quelque chose !
)-:
Quand je vois la catastrophe de l’épandage du lisier en Espagne du Nord et encore ce n'était que de petites exploitations agricole ... Qu'est ce que cela va être ici !
Cdt,
Gilbert
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Écrit par : Bergil / | 30/05/2014

GARDE À VUE

> Les paysans ont placé quelques heures en "garde à vue" le conseiller agricole de François Hollande ! https://fr.news.yahoo.com/conseiller-hollande-séquestré-confédération-paysanne-115343654.html
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Écrit par : heula / | 30/05/2014

UNE SOLUTION

> Passer du "maigre" une fois par semaine, à du "gras" une fois par semaine, mais estampillé bio : une solution pour aller contre ces élevages en batterie, qui sont en effet présentés comme la seule solution pour nourrir une planète si peuplée en humains (suffit de manger des légumes secs, des oléagineux et graines germées en remplacement).
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Écrit par : franz / | 31/05/2014

@ Guadet,

> Un article de 'La Décroissance' publié il y a quelques mois (n°94) et signé Pierre Thiesset, montrait que depuis sa création il y a quarante ans, ce ministère est celui de la dépolitisation de l'écologie et de la docilité face à des intérêts que ce ministère a par dessus tout pour vocation de ne surtout pas bousculer.
Il est le parfait poste d'observation d'un Etat qui se condamne lui-même à l'impuissance et à la lâcheté, devant de telles ignominies.
Voici, cités dans l'article en question, quelques témoignages éloquents de quelques uns de celles et ceux qui ont bien voulu participé de cette farce gouvernementale verte :

Robert Poujade (premier des 25 ministres de l'environnement) : «Entre 1971 et 1974, à plusieurs reprises des offensives vigoureuses furent entreprises contre le ministère de l'environnement. On essaya chaque fois de persuader le président de la République qu'il fallait écarter ce gêneur, soit par suppression pure et simple, soit par absorption dans un plus vaste ensemble (…) A la vérité, chaque mois, chaque semaine de notre existence a été un combat (…) La priorité des priorités était l'industrialisation du pays ; la croissance était pour lui (Pompidou) le critère de la réussite politique. »

Roselyne Bachelot : « La pauvreté en moyens humains et budgétaires du ministère, eu égard à ses missions, n'a fait que s'aggraver, tandis que ses titulaires sont toujours considérés par leurs collègues comme des emmerdeurs qu'il faut réduire à la portion congrue. »

Huguette Bouchardeau : « Réputé marginal ou gênant, un ministère qui n'émarge qu'au millième du budget de l'Etat peut-il être un ministère sérieux. »

Dominique Voynet : « J'étais dépossédée de tout moyen d'agir. »

Corine Lepage : «Il est difficile d'imaginer, tant qu'on n'a pas vu fonctionner le système de l'intérieur, à quel point l'Etat est prisonnier des lobbies. »

Huguette Bouchardeau : « EDF n'est pas un lobby à proprement parler, c'est à dire une force extérieure à l'Etat : elle a ses représentants dans l'appareil. Les constructeurs automobiles ne sont pas des lobbies : ils ont leurs experts au ministère de l'industrie. Difficile parfois de reconnaître son interlocuteur : est-ce le pouvoir politique ou EDF, l'entreprise ou le ministère ? »

Corinne Lepage : « Les ingénieurs, imbus d'eux mêmes, détiennent aujourd'hui le monopole de l'expertise qui place tous les autres, politiques et citoyens, en état de dépendance. »(...) « La petite poignée de fonctionnaires que je dirigeais ne pouvait pas grand chose contre son armée impressionnante d'ingénieurs des Ponts, en général polytechniciens. »

Faut pas jouer à la victime quand on accepte sans brocher de jouer au crétin utile.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 31/05/2014

BIO NE SUFFIT PAS

> Franz : "Passer du "maigre" une fois par semaine, à du "gras" une fois par semaine, mais estampillé bio."
Oui, bien sûr, à ceci près qu'on peut faire du bio industriel en batterie...
Le tampon AB, bien qu'un progrès, ne suffit pas toujours !
D'autres labels, comme "Nature & Progrès", sont plus pointus quant aux exigences du cahier des charges, plus transparents dans la certification, et permettent aux paysans d'être réellement acteurs en les impliquant à chaque étape du processus.
Le mieux, label ou pas (certains font du "plus que bio" sans aucune certification), est d'aller voir par soi-même, dans la rencontre personnelle avec l'éleveur. La viande (ou tout autre produit) a tout de suite une autre saveur...
La certification AB pose des problèmes en elle-même : l'organisme certificateur Ecocert est lui-même une entreprise multinationale pas toujours très transparente.
Sans tomber dans une paranoïa incapacitante, il faut comprendre la faculté du "système" à phagocyter toute tentative de "subversion", qui est sans limite et parfois stupéfiante. On en vient, en toute bonne conscience, à consommer à outrance de la critique de la consommation, et certains en ont fait un marché... très juteux.
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Écrit par : PMalo / | 31/05/2014

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